Bénin : La bataille du Soja, un jeu de dupes ?

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Soja
Crédit Photo : Iaea

C’est l’histoire d’une bataille gagnée.  Essentiellement au profit des producteurs de soja. Malgré une ambition affichée, le gouvernement de Patrice Talon s’est laissé dépasser par les déconvenues de sa politique sur le bien-être des producteurs de soja. Le 12 octobre 2022, Patrice Talon prenait, en conseil des ministres, un décret pour interdire l’exportation du soja grain sans transformation, jusqu’au 1er avril 2024. Cette mesure semblait mal engagée, car elle s’était révélée comme préjudiciable tant sur le plan moral que sur les plans économique et financier pour les producteurs agricoles. Alors que ces derniers se sentaient asphyxiés, le parti d’opposition Les Démocrates s’était érigé en porte-voix pour dénoncer la mesure gouvernementale.

Livré à des escarmouches répétées, le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures. Pour l’essentiel, au titre de l’exercice 2023- 2024 de la campagne de commercialisation du soja grain, « le commerce du soja grain est libre sur l’ensemble du territoire national. Ainsi, les opérations d’achat, de vente, de transport, les prix, les dates de démarrage et de fin des opérations, sont librement fixées par les acteurs ; l’exportation du soja est libre, sans agrément et se fait exclusivement par le port de Cotonou ; la contribution à la recherche et à la promotion agricole (CRA) perçue au cordon douanier, à la charge exclusive des exportateurs, est désormais fixée à 30 F CFA par kilogramme de soja grain au lieu de 140 FCFA au titre de la campagne écoulée ».

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Il n’en fallait pas plus pour que le chargé de communication du parti Les Démocrates reconnaisse au président Talon un « humanisme ». Et pourtant, il y a anguille sous roche. Des indiscrétions révèlent que la libération de la commercialisation n’est qu’une mesure de trompe-l’œil, car le gouvernement conserverait la mainmise sur le négoce des prix du soja au kilo.

Loin des bruits de couloir, l’évidence impose de constater qu’il y a une obligation implicite d’exporter le soja par voie maritime. Pour cause, le communiqué signé du secrétaire général du gouvernement indique que « l’exportation du soja est libre, sans agrément et se fait exclusivement par le port de Cotonou ».

Cette obligation conduirait certains observateurs à penser que les producteurs du soja seraient prisonniers d’un cercle vicieux et promis à une situation beaucoup plus dramatique, mais facilement acceptable, avec cette nouvelle mesure qui, en apparence, concourt à leur bien-être. Il y a, bien sûr, une sérieuse dose de calcul dans les récents revirements du gouvernement au profit des producteurs du soja. À bon entendeur !

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