Réunis depuis quelques jours à Johannesburg, les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), ont annoncé leur volonté de s’élargir.
A cet effet, l’alliance va accueillir six nouveaux membres pour gagner en influence dans le monde. Les candidatures de L’Iran, l’Argentine, l’Egypte, l’Ethiopie, l’Arabie Saoudite et des Émirats arabes unis ont été acceptées par les cinq pays fondateurs, l’unanimité étant la règle. Une quarantaine de nations avaient demandé leur adhésion ou manifesté leur intérêt.
L’Ethiopie a évoqué un « moment fort » par la voix de son Premier ministre, Abiy Ahmed. « L’Ethiopie se tient prête à coopérer avec tous pour un ordre mondial inclusif et prospère », a-t-il écrit sur son compte X (ex-Twitter). « Félicitations à tous les Ethiopiens ! », peut-on lire aussi sur le compte X du cabinet du Premier ministre éthiopien.
Traditionnellement non alignée, l’Ethiopie entretient des liens étroits avec la Russie et la Chine, son principal partenaire commercial, ainsi que les Etats-Unis, même si les rapports avec Washington se sont tendus durant les deux ans de conflit dans la région du Tigré (nord de l’Ethiopie) qui s’est achevé en novembre 2022. L’Ethiopie a été durant la décennie 2010 une des économies les plus dynamiques du monde. Sa croissance a toutefois été enrayée par la pandémie de Covid-19, les calamités climatiques, le conflit au Tigré et l’onde de choc mondiale de la guerre en Ukraine.
Immédiatement après l’annonce, Téhéran a de son côté salué sur X « un développement historique et un succès stratégique pour la politique étrangère » du pays. Les Émirats arabes unis se sont aussi félicité de leur intégration, le président Mohammed ben Zayed affirmant « respecter la vision des dirigeants des Brics ». Même chose pour l’Egypte, qui s’est dite impatiente de « faire entendre la voix des pays du Sud ».
Selon le président chinois, Xi Jinping, les discussions aboutissent à « un élargissement historique », prédisant un « avenir radieux pour les pays du Brics ». Constatant que nous « nous dirigeons vers un monde multipolaire », le chef de l’ONU Antonio Guterres a appelé à une refonte d’institutions multilatérales « dépassées », qui doivent être le reflet des « réalités économiques d’aujourd’hui ».
La Chine, qui pèse environ 70% du PIB du groupe, avait clairement réitéré lors de sommet son intention de gagner en puissance. « Les Brics doivent œuvrer en faveur du multilatéralisme et ne pas créer de petits blocs. Nous devons intégrer davantage de pays dans la famille des Brics », a enjoint le président Xi Jinping.
L’Inde, autre locomotive économique du groupe qui se méfie des ambitions de son rival régional chinois et ne s’était pas exprimée sur une possible expansion à l’ouverture du sommet mardi, avant de déclarer soutenir l’ouverture, sous réserve d’un accord sur les modalités. Outre l’Inde, le Brésil, officiellement favorable à l’ouverture, craignait qu’une expansion ne « dilue » son influence mondiale et au sein du bloc, selon des spécialistes. Pretoria plaidait quant à elle pour l’intégration de pays africains, sur un continent devenu un nouvel échiquier dans le jeu diplomatique mondial.
Les Brics ont réaffirmé leur position « non-alignée » lors du sommet, à un moment où les divisions ont été accentuées par le conflit en Ukraine. « Nous défendons tous un ordre mondial multipolaire », a affirmé Vladimir Poutine. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour crime de guerre en Ukraine, le président russe s’est exprimé au sommet en visioconférence. Les Etats-Unis ont affirmé mardi ne pas voir dans les Brics de futurs « rivaux géopolitiques », assurant vouloir maintenir de « solides relations » avec le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud.
Avec cette expansion, les États-Unis sont inquiets surtout sur la volonté des États membres de l’organisation de dédollariser le monde.
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