Le tennis de table, sport emblématique de la Chine, gagne du terrain au Bénin grâce à une coopération active entre Cotonou et Pékin. Ce sport connaît aujourd’hui un nouvel essor, porté par une coopération sino-béninoise dynamique. Infrastructures, formation et échanges sportifs s’inscrivent dans une stratégie de modernisation à la chinoise appliquée au Ping-Pong. Avec la Chine comme partenaire, le tennis de table s’impose au Bénin comme le reflet d’une coopération moderne. Entre modernisation, diplomatie sportive et formation, la petite balle blanche devient un véritable outil de développement.

Dans la salle d’entraînement du Centre Culturel Chinois baignée d’une lumière blanche artificielle, Amir Adou, multiple champion national béninois de tennis de table, s’entraîne avec intensité sur les tables. Vêtu d’un short léger et d’un t-shirt de marque Tibhar trempé de sueur, il se tient dans une position basse, genoux fléchis, prêt à bondir. Sa raquette en main droite, il la manie avec précision et rapidité, ses gestes fluides trahissant des heures de pratique. Ses yeux sont rivés sur la balle, concentré au point d’en oublier le monde autour. Chaque échange est ponctué par le claquement sec de la balle contre la table, puis contre la raquette. Son souffle est régulier mais profond, témoignant de l’effort physique constant. Les gouttes de sueur perlent sur son front, mais il ne ralentit pas.

Autour de lui, on entend le bruit des autres tables, les conseils des entraîneurs, les encouragements, les rebonds. La salle résonne d’une ambiance studieuse et dynamique. Le pongiste, lui, est dans sa bulle. Il répète inlassablement ses tops spins, ses blocs, ses services, perfectionnant chaque mouvement avec rigueur et détermination. « S’entraîner avec des entraîneurs chinois, c’est un vrai changement. Leur discipline et leur méthode m’ont fait gagner en technique et en confiance. Grâce à la Chine, je représente avec fierté le Bénin à l’international », a lâché, Amir Adou qui a déjà bénéficié par le passé de deux bourses de l’empire du milieu. Ici au Centre Culturel Chinois de Cotonou, le tennis de table n’est plus un simple loisir scolaire : c’est le reflet d’un partenariat stratégique entre le Bénin et la Chine. De l’équipement professionnel à la formation d’entraîneurs, Pékin investit dans cette discipline emblématique de son soft power. Un choix qui n’a rien d’anodin selon le président de la Fédération Béninoise de Tennis de Table (FBTT), Francis Dossou. « La Chine est championne du monde incontestée de tennis de table depuis des lustres. En cette qualité, la Chine accompagne le Bénin dans la formation des acteurs béninois pour le développement du tennis de table à travers des bourses de formation en Chine attribuées à plusieurs athlètes sur de courtes durées (2 à 4 semaines) en tant que joueurs ou entraîneurs. A ma connaissance, au moins trois anciens champions béninois séniors de tennis de table ont bénéficié de bourses de longues durées (environ 2 ans) pour être formés comme entraîneurs ».

Avec cet appui, ajoute-t-il, « l’impact de la Chine sur le tennis de table béninois est significatif car, il n’y a rien de mieux que de former les formateurs. En effet, aujourd’hui, même si le Nigeria tient toujours le haut du pavé dans la sous-région, le Bénin marque de plus en plus sa présence dans l’arène pongiste ouest-africaine ».
Franck Kity, coach de tennis de table formé en Chine, est du même avis : « à travers ce sport, la Chine déploie au Bénin sa vision de la modernisation : rapide, structurée, et tournée vers l’excellence ». Pour les pongistes béninois, cette coopération sino-béninoise dans le sport est une chance. « Avant, on bricolait avec du matériel usé et sans véritables formations. Aujourd’hui, grâce au soutien de la Chine, les pongistes béninois progressent plus vite et les entraîneurs sont mieux outillés. C’est une vraie transformation, pas juste un effet d’annonce », a lâché le regard rempli d’espoir un membre de la FBTT.
Pour un entraîneur chinois, « notre objectif est de partager notre savoir-faire et d’accompagner le Bénin dans son développement sportif. Le tennis de table est un pont entre nos deux peuples, et nous espérons voir cette coopération porter ses fruits sur les terrains comme dans les cœurs. »

Le Bénin, terrain de jeu d’une coopération sportive active
Pour la Fédération Béninoise de Tennis de Table et le Ministère des Sports, la coopération sino-béninoise dans le domaine du sport notamment le tennis de table est bénéfique pour les deux nations. « Le tennis de table est un pont sportif et culturel entre le Bénin et la Chine. On sait que le Centre Culturel Chinois du Bénin vise à promouvoir les échanges culturels, artistiques, sportifs et l’amitié entre les peuples béninois et chinois. Il représente un peuple qui domine le tennis de table mondial et qui désire accompagner le développement du sport béninois en général et du tennis de table en particulier. Ainsi, les déplacements des pongistes béninois vers la Chine et leurs participations aux événements culturels chinois au Bénin leur permettent de mieux comprendre la culture chinoise et de l’aimer, en découvrant ses nombreuses similitudes avec la culture béninoise », a déclaré Francis Dossou, président de la FBTT.

Dans la même veine, a-t-il fait savoir : « je connais personnellement quatre béninois qui font leurs études universitaires en Chine grâce au tennis de table. Ce lien est appelé à être plus étroit et performant avec la nomination, par Lin KUANG, directeur du centre culturel chinois du Bénin, du champion sénior en titre Amir ADOU, comme ambassadeur de la promotion sino-béninoise de tennis de table ».
Pour le président de FBTT, « la coopération sino-béninoise en matière de tennis de table a pris aujourd’hui un nouvel élan. C’est à l’actif de monsieur KUANG Lin, le tout nouveau directeur du centre culturel chinois du Bénin qui, dès sa prise de fonction il y a un an, m’a rencontré en compagnie du président de le Fédération Béninoise de Badminton (FBBa), la Chine étant championne du monde dans ces deux disciplines sportives. Nous avions demandé une audience pour lui exprimer nos craintes dues au départ de son prédécesseur Wei JUN grâce à qui les bourses de formation en Chine des athlètes béninois avaient été multipliées ».
D’après Francis Dossou, le nouveau conseiller culturel de l’ambassade de Chine et directeur du centre culturel chinois du Bénin, Lin Kuang, a été favorable à la poursuite de l’accompagnement de son institution, sous réserve d’une convention de partenariat en bonne et due forme.

« Nous avons finalisé publiquement la convention à la cérémonie de clôture de l’édition 2025 des championnats nationaux de tennis de table. Ce partenariat signé formalise nos liens et nous sera utile lors de l’évaluation annuelle de la FBTT par le Ministère des Sports. Cette convention de partenariat est le signe que la Fédération Béninoise de Table de Table bénéficiera encore et de façon plus structurée, du soutien de la République Populaire de Chine », a-t-il laissé entendre tout en soulignant le fait que le tennis de table béninois est bénéficiaire de la coopération sino-béninoise depuis plus d’un demi-siècle.

Pour Fibias Amoussou, parent de pongiste qui pratique le ping-pong depuis plus de deux ans, cette coopération sino-chinoise dans le tennis de table est très bénéfique. « Mon fils est devenu plus discipliné et motivé grâce à ces nouveaux programmes. Le tennis de table lui a appris le respect, le travail en équipe, et c’est rassurant de voir qu’il s’ouvre à d’autres cultures. »
La Chine modernise le tennis de table au Bénin, une balle à effet diplomatique
Au croisement du sport et de la diplomatie, le tennis de table devient un nouvel outil de coopération entre la Chine et le Bénin. Porté par la stratégie de modernisation à la chinoise, ce partenariat s’inscrit dans un cadre plus large de modernisation du tennis de table béninois, avec des objectifs concrets : don d’équipements professionnels (tables, raquettes, balles, filets, chronomètres), organisation de stages de formation pour entraîneurs et jeunes joueurs, participation de délégations béninoises à des camps d’entraînement en Chine, où les pongistes locaux découvrent l’intensité du haut niveau. Ce partenariat se traduit également par une approche structurée : discipline, rigueur, professionnalisation, et mise en place de filières de détection de talents dès le plus jeune âge. Pour de nombreux jeunes sportifs, cette coopération ouvre des horizons nouveaux. Agon Gil Christ, 18 ans, pongiste béninois sélectionnée pour un stage en Chine, témoigne : « C’était une expérience incroyable. Les Chinois s’entraînent avec une discipline qu’on n’a pas l’habitude de voir ici. Je suis revenue motivée et beaucoup plus technique. »
Selon un responsable de la FBTT : « Les Chinois ne se contentent pas d’offrir du matériel. Ils nous accompagnent pour que nous ayons notre propre système de formation. C’est une vraie école de la rigueur. »

Une coopération à renforcer, mais à équilibrer
Si les résultats sont encourageants, certains commentateurs et experts sportifs appellent à la vigilance. « Le risque de dépendance à l’expertise chinoise est réel si le pays ne développe pas en parallèle ses propres structures autonomes », a confié Ali Moumouni, journaliste sportif. « La Chine donne beaucoup, mais c’est à nous de capitaliser intelligemment. Il faut une stratégie nationale du tennis de table, pas seulement des partenariats ponctuels », souligne un ancien cadre du Ministère des Sports.
Dans la même veine, souligne Wakil Dine, « deux mois pour une formation de tennis de table en Chine, c’est très peu. Pour moi, c’est du tourisme d’aller faire juste deux mois en Chine et revenir. ». Pour lui, il est dans l’intérêt de tous de revoir cette durée. « Il faudrait vraiment qu’on revoit la durée de la formation en Chine. Si ça peut tenir sur un an ou 1an et demi, ça peut véritablement améliorer le niveau des athlètes. Il faut revoir la formule pour que les joueurs en profitent davantage », a-t-il fait savoir visiblement convaincu de ce que la durée de la formation peut tout changer.

Quoi qu’on dise, le développement du tennis de table au Bénin, appuyé par la Chine, illustre parfaitement comment la modernisation à la chinoise dépasse les infrastructures routières ou énergétiques pour investir le domaine culturel et sportif. Entre ambitions sportives et diplomatie douce, la petite balle blanche devient un levier inattendu, mais efficace, du rapprochement sino-béninois. Reste à espérer que cette dynamique permettra au Bénin d’émerger non seulement sur les podiums africains, mais aussi comme un modèle de coopération réussie entre tradition sportive et modernisation partagée.
Dios-Milckel CHACHA






